Après plusieurs années de résistance, les députés viennent enfin de “montrer avec force leur engagement en faveur du respect des droits fondamentaux de la communauté LGBTIQ +”, se réjouit l’organisation México Igualitario, qui milite pour la reconnaissance des droits LGBT.

Mardi 3 novembre, la chambre des députés de Puebla, l’un des 31 États du Mexique, a approuvé la loi qui autorise le mariage homosexuel, rapporte La Jornada. Le quotidien mexicain note que cet État très conservateur, situé au sud de la capitale, Mexico, devient ainsi le quatorzième de la République fédérale à reconnaître ce droit aux homosexuels.

La nouvelle loi est la conséquence d’une série de décisions rendues depuis les années 2010 par la Cour suprême. La plus haute instance judiciaire du pays juge désormais inconstitutionnelles les discriminations à l’égard des couples de même sexe. Malgré ces jugements rendus depuis plusieurs années, l’inscription des droits des homosexuels dans le corpus législatif mexicain est laborieuse.

Depuis décembre 2019, une réforme de la Constitution mexicaine destinée à reconnaître le droit au mariage pour les couples homosexuels est toutefois dans les cartons du parti Morena du président Andrés Manuel López Obrador.

La prise de parole du pape François décisive

Et en vertu des décisions de la Cour suprême, les mariages entre personnes de même sexe sont célébrés depuis 2018 dans l’État de Puebla. Mais la pratique tardait à être reconnue officiellement par la chambre des députés de l’État. La faute du groupe majoritaire qui “refusait d’aborder cette question depuis deux ans”, selon une membre de l’opposition. Les députés se seraient finalement décidés à lever leur veto après que le pape François se fut prononcé en faveur de l’union civile des homosexuels.

Le journal El País considère que les pressions de l’Église catholique et des groupes d’extrême droite ont effectivement conduit la chambre des députés de Puebla à repousser plusieurs fois le vote sur la question.

Des avancées malgré les réticences

“Il faut prendre acte des avancées, mais il reste bien des sujets pour lesquels les droits ne progressent pas, comme la dépénalisation de l’avortement”, rappelle Ricardo Baruch, chercheur et activiste sur les questions de diversité sexuelle, interrogé par El País.

Le gouvernement dirigé par le parti Morena [parti du président Andrés Manuel López Obrador] fait preuve sur l’avortement d’une intransigeance qu’il n’a pas sur d’autres sujets liés aux libertés sexuelles, poursuit-il.

Au-delà du gouvernement fédéral, ce sont surtout les conservatismes régionaux qui semblent freiner la reconnaissance des droits homosexuels dans ce pays très catholique, où dix-huit États n’ont toujours pas voté de loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe.

Les députés conservateurs du Parti d’action nationale (PAN) ont d’ailleurs regretté que “la réforme [votée à Puebla] ouvre la porte à l’adoption pour les personnes du même sexe”, note le quotidien espagnol. Un droit pourtant reconnu, de la même façon que le mariage, par la Cour suprême mexicaine.