L’américanisation de la vie politique suisse est en marche. Selon Le Temps, “une école zurichoise vient d’en faire les frais”. L’établissement secondaire, implanté à Stäfa, sur les bords du lac de Zurich, a reçu “des torrents de haine” après des accusations lancées par Andreas Glarner, un parlementaire conservateur connu pour ses sorties xénophobes et ses positions contre l’immigration.

Sur Twitter, ce membre du parti de droite Union démocratique du centre (UDC) avait critiqué la mise en œuvre d’une journée d’enseignement thématique sur le genre et l’égalité, organisée depuis dix ans “sans jamais [avoir] suscité la moindre vague”.

Cette partie du programme, consacrée “aux représentations des rôles masculins et féminins, [aux] idéaux de beauté ou encore [aux] discriminations fondées sur le sexe ou l’orientation sexuelle”, est enseignée dans 21 des 26 cantons suisses.

Cheval de bataille républicain

À Stäfa, la tenue de cette “journée du genre” a finalement été abandonnée en raison des nombreuses menaces proférées à l’encontre de l’école et de la travailleuse scolaire chargée du module. Ce qui pousse le journal de Genève à s’interroger sur les évolutions des débats politiques suisses.

Les conservateurs semblent désormais vouloir mener une “guerre culturelle” inspirée des républicains américains, analyse-t-il. La section zurichoise de l’UDC a notamment qualifié l’enseignement sur le genre d’“endoctrinement à l’idéologie transgenre”, des termes régulièrement employés outre-Atlantique pour décrire les cours liés de près ou de loin à la notion de genre ou à la communauté LGBTQI.

D’autant que l’affaire ne concerne pas seulement le parti cantonal de Zurich. Ce dernier “suit les préceptes de l’UDC Suisse, dont le programme 2023-2027 comporte pour la première fois ‘le combat contre la terreur du genre’, en droite ligne derrière la droite américaine”. Cette dernière “en a fait l’un de ses principaux chevaux de bataille en vue des prochaines élections [de 2024, aux États-Unis]”.