Un simple bogue informatique empêche le changement de sexe au gouvernement du Québec
Le processus sera coûteux et laborieux
Les personnes qui souhaitent s’identifier facilement comme non-binaires auprès du gouvernement devront attendre longtemps, malgré leur reconnaissance dans le Code civil. Le processus sera coûteux et laborieux en raison d’un bogue informatique.
Depuis le 17 juin 2022, il est possible d’obtenir la mention non-binaire sur les documents gouvernementaux, en plus du féminin ou masculin.
Ce statut est maintenant reconnu par le Code civil et est représenté sur le certificat et la copie d’acte de naissance de la personne concernée par le symbole «X».
Or, ce simple X est en train de bouleverser l’ensemble des systèmes informatiques du gouvernement du Québec. Les spécialistes en technologie de l’information se grattent la tête depuis des mois afin de pouvoir offrir l’option aux citoyens.
Comme lors du bogue de l’an 2000, où les experts craignaient que la date et l’heure ne suivent pas au tournant du millénaire, malgré les modifications dans les systèmes.
La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, a déploré lors de l’étude des crédits qu’il soit trop difficile de changer son marqueur de sexe sur son permis de conduire ou sa carte d’assurance maladie. Malgré la critique, les gens devront être patients.
La ministre responsable de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, Martine Biron, a admis mardi «qu’il y a des enjeux particuliers, notamment informatiques.»
Tout modifier
En fait, tout doit être changé et modifié sur le plan technologique, ce qui risque de coûter très cher aux contribuables. «C’est un gros travail informatique et d’arrimage avec le Code civil», a confirmé une source gouvernementale.
Selon nos informations, le ministère de la Cybersécurité et du Numérique vient de mandater des experts afin qu’ils puissent produire des analyses plus poussées.
L’ensemble des systèmes informatiques sont bâtis avec des champs prédéfinis, comme le prénom, le nom et le sexe.
«Ils ont été paramétrés avec le champ “sexe” qui est masculin ou féminin», explique un autre informateur. «Il y a des systèmes qui devront être ouverts en profondeur pour permettre un autre choix.»
Des milliers de modifications
Il y a «plusieurs milliers de systèmes informatiques» qui pourraient devoir ainsi être modifiés et l’opération sera sensible. «C’est quand même assez lourd comme modification», signale cette source, rappelant que les systèmes doivent communiquer entre eux, mais aussi avec ceux du gouvernement fédéral.
Prise de rendez-vous, confirmation de paiement, inscriptions, déclaration de revenus, renouvellement de permis de conduire: la tâche ne sera pas simple.
«Tout ça doit se parler afin de savoir, si c’est monsieur, madame ou X», explique-t-on. «Il faut le faire de façon intelligente [...]. Il faudra mettre à jour les infrastructures.»