Salvador : trois policiers condamnés pour le meurtre d'une femme trans

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Camila Díaz Córdova, une travailleuse du sexe trans salvadorienne avait demandé l'asile aux États-Unis avant d'être expulsée. Elle a été assassinée un peu plus d'un an après son retour au Salvador. C'est la première fois qu'un tel verdict est prononcé.

Drapeau trans
Le drapeau trans - nito / Shutterstock

Un juge au Salvador a condamné trois policiers à 20 ans de prison pour le meurtre brutal en janvier 2019 de Camila Díaz Córdova, une travailleuse du sexe trans, rapporte El Salvador. C’est la première fois qu’une condamnation pour le meurtre d’une personne trans est prononcée au Salvador.

Camila Díaz Córdova a été tuée le 31 janvier 2019, lorsque trois policiers ont répondu à une plainte pour troubles à l’ordre public. Les trois policiers l’ont brutalement agressée avant de la jeter hors de leur véhicule en marche. Elle est finalement décédée des suites de ses blessures quelques jours plus tard dans un hôpital de San Salvador.

Première condamnation pour le meurtre d’une personne trans au Salvador

Les policiers ont été condamnés grâce à des preuves concordantes. Le suivi GPS de leur véhicule a montré qu’ils se trouvaient à l’endroit où le corps de Camila Díaz Córdova a été retrouvé. Le rapport d’autopsie a également établi la preuve du traumatisme causé par les mains des agents.

« L’issue du cas de Camila envoie un message fort à la société salvadorienne selon laquelle la violence anti-LGBT ne sera pas tolérée »

« Cette décision historique est indispensable dans un pays où les Salvadoriens LGBT et leurs familles voient rarement justice pour des crimes violents », a déclaré José Miguel Vivanco, directeur des Amériques à Human Rights Watch (HRW). « L’issue du cas de Camila envoie un message fort à la société salvadorienne selon laquelle la violence anti-LGBT ne sera pas tolérée ».

« Les personnes LGBT ont le droit de vivre dans un pays qui respecte et protège leur droit fondamental à la vie. Le système judiciaire devrait veiller à ce que les responsables de la violence anti-LGBT soient tenus pour responsables, y compris en poursuivant des accusations de crimes de haine, le cas échéant », ajoute-il.

Les meurtres motivés par l’orientation sexuelle ou l’identité de genre peuvent entraîner des peines allant jusqu’à 70 ans de prison. En 2015, l’Assemblée législative du Salvador a modifié le code pénal, qui a défini ces crimes comme des homicides aggravés.

Les procureur.eure.s du Salvador ont tenté de classer trois meurtres spécifiques de personnes LGBT+ comme des crimes de haine, mais toutes ces affaires ont été classées sans suite au motif qu’il « n’y avait pas suffisamment de preuves », selon HRW. Le cas de Camila Díaz Córdova en faisait partie. Bien que son affaire n’ait pas été classée comme crime de haine, c’est la première affaire de meurtre d’une personne trans qui aboutit à une condamnation.

En Amérique centrale, ces types de meurtres sont souvent dus à la perception que les personnes LGBT+ commettent des « crimes moraux », note HRW.

Selon le Washington Blade, Camila Díaz Córdova avait tenté à plusieurs reprises de fuir le Salvador pour demander l’asile. Elle est arrivée aux États-Unis en août 2017, a été maintenue en détention par l’Immigration and Customs Enforcement (agence de police douanière et de contrôle des frontières, ICE) pendant trois mois en Californie avant d’être expulsée vers le Salvador. Des amis de Camila Díaz Córdova ont déclaré que l’ICE « l’avait amenée à signer une mesure de renvoi ».

Elle a été tuée un an après avoir été renvoyée au Salvador.

Le Salvador a l’un des taux de meurtres les plus élevés au monde. Au moins 600 personnes trans ont été assassinées dans le pays depuis 1993, selon l’association salvadorienne COMCAVIS Trans. Entre octobre 2019 et avril 2020 seulement, au moins sept femmes trans et deux hommes gays ont été assassinés au Salvador, selon HRW.

 

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