Activiste tunisien pour la cause LGBT, des médias italiens le confondent avec un Tunisien entendu dans l’enquête sur l’attentat

"C’était mardi vers 20 heures, j’étais tranquillement installé dans mon canapé et j’ai reçu des messages d’amis qui me disaient d’aller voir sur internet des articles de journaux italiens", soupire Ahmed B.A, 24 ans, installé sur ce même canapé, ce jeudi en milieu d’après-midi.

Article réservé aux abonnés
S.G. Publié le 05/11/2020 à 15:57, mis à jour le 05/11/2020 à 16:59
"J’ai envoyé plein de mails aux rédactions de ces journaux, personne ne m’a répondu". Photo Eric Ottino

Et le ciel lui tombe sur la tête. Il découvre alors qu’il porte le même nom que l’un des individus interpellés à Grasse samedi dans le cadre de l’enquête sur l’attentat de la basilique Notre-Dame.

Un autre Ahmed B. A, ressortissant tunisien âgé de 29 ans, qui a fait une partie du voyage clandestin avec l’assaillant de Nice, Brahim A., de la Tunisie jusqu’en France en passant par l’Italie.

Ce dernier entendu pendant plus de 4 jours a ensuite été libéré sans aucune poursuite pour le moment.

Mais, le Ahmed BA. qui habite à Nice, se rend compte, surtout, que des journaux italiens - orientés extrême droite - lui ont piqué des photos sur ses réseaux sociaux. Et qu’ils racontent son histoire à lui. Une histoire toute particulière et médiatisée dans le monde entier.

Ahmed B. A, aujourd’hui étudiant en Droit à Nice, est le cofondateur de Shams, l’association de défense des minorités sexuelles en Tunisie. Le jeune homme en danger dans son pays a, depuis 2017, obtenu le statut de réfugié en France.

"Quand j’ai vu que c’est mon histoire qu’il racontait pour la lier à celle du terroriste, j’ai fait une crise d’angoisse. Un journal dit que je suis son complice. Un autre journal écrit que je suis le petit copain de Brahim A. Le soir même je me suis précipité au commissariat central, mais je n’ai pas pu déposer plainte car ce sont des journaux italiens. Ils mettent mon nom en entier".

Depuis, il reçoit par dizaines des insultes mais aussi des menaces. "J’ai envoyé plein de mails aux rédactions de ces journaux, personne ne m’a répondu", souffle le jeune homme, complètement paniqué et effondré. "Qu’on puisse me relier de près ou de loin avec le terrorisme me choque et ça me touche particulièrement, moi qui me suis toujours battu pour la paix et la tolérance".

Et puis dit-il, en tant qu’activiste gay tunisien, il craint que cela fasse du mal à la cause des minorités sexuelles dans les pays du Maghreb: "Qu’on ne se serve pas de cette méprise pour refuser l’asile politique à des personnes LGBT qui seraient en danger de mort dans leur pays".

Ahmed, né à Mahdia en Tunisie rappelle: "Là-bas, on peut être condamné à 3 ans de prison parce que l’on est homosexuel. Ils font encore des tests anaux pour vérifier si on l’est ou pas. Les homos sont menacés, maltraités".

Les membres de l’association Shams militent activement pour l’abrogation de l’article 230 du Code pénal qui punit les relations homosexuelles.

Depuis que son histoire a été jetée en pâture et reliée à l’attaque de la basilique Notre Dame par des journaux italiens orientés, Ahmed essaie de se faire violence et sort encore de son appartement de Nice est, mais "je me sens en danger", avoue-t-il. Il espère que toute cette affaire se tasse "et que les médias italiens en question reconnaissent leur erreur et suppriment leurs articles avec mes photos."

Si ce n’est pas le cas, le jeune étudiant en Droit va porter plainte pour diffamation et dénonciation calomnieuse.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Nice-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.