De nombreuses personnes ont taxé la production de l’adaptation française de l’émission "RuPaul’s Drag Rac" de "pinkwashing". Qu’en pensez-vous ?
Je ne suis pas d’accord avec ces réactions. France TV Slash (le diffuseur, ndlr) avait déjà l’habitude de diffuser des émissions portant sur la communauté queer et la sexualité. Les membres de la production de l’émission "RuPaul Drag’s Race France" sont eux-mêmes issus de la communauté LGBTQIA +. Il a été d’autant plus difficile pour eux de proposer une émission qui transgresse les genres sur une chaîne de service public comme France Télévisions.
Lorsque des entreprises utilisent l’image des drag afin de faire du profit, là, on peut parler de "pinkwashing". Et en même temps, même si les entreprises se servent de leur image à des fins financières, cela permet tout de même d’augmenter la visibilité de la communauté des drag-queens. Le pinkwashing nous fait exister. Donc oui, ils font de l’argent sur notre dos. Mais on règne de plus en plus à travers ces marques, contrairement à d’autres qui ne souhaitent pas inclure les drag dans leurs publicités.
D’après ton expérience personnelle, quel impact a eu cette émission ?
La diffusion de cette téléréalité a eu un effet positif : voir des drag à la télé a permis de faire évoluer les mœurs sur eux. Mais les performances et les apparences des drags sont codifiées, avec des défis de costume et des catégories de drag-queens, relatives à la version américaine de l’émission. L’émission n’est pas forcément fidèle non plus à la communauté des drag existantes dans la mesure où tout est construit pour divertir le téléspectateur.
Qu’en est-il des drag-queens égéries de marques ?
Je trouve ça bien. Ça montre que les drag comptent. Voir des drag-queens égéries inspire ceux qui n’osent pas se lancer. Face à des publicités, ils se disent "moi aussi je peux le faire". Pour moi, le drag doit être accessible à tout le monde. Voir des drags sur des affiches dans la rue, se rendre compte que les drags deviennent de plus en plus présents dans l’espace public, c’est cool. Les drag shows qui sont normalement réservés aux espaces intimistes, ont toujours été de l’ordre privé, de l’ordre communautaire. Cette nouvelle visibilité dans l’espace public, c’est hyperfort, et ça confronte les personnes qui sont contre les drags, à notre existence.