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Dans la Floride conservatrice, la communauté LGBT+ veut faire entendre sa voix

Un tube de Beyoncé résonne dans les rues d'Orlando, ville que les milliers de participants à la Marche des fiertés transforment samedi en îlot arc-en-ciel dans une Floride de plus en plus associée à la politique conservatrice de son gouverneur.

Les tenues sont colorées et les sourires radieux, mais la communauté LGBT+ de l'Etat vit une année difficile.

"On est vraiment en train de revenir en arrière dans le temps", soupire Donna Marie, infirmière de 55 ans, casquette au logo arc-en-ciel. "Si ça continue, la prochaine fois ce sera le mariage gay".

En mars, le gouverneur républicain Ron DeSantis, une des figures de proue des conservateurs américains, a signé une loi interdisant d'enseigner des sujets liés à l'orientation sexuelle ou l'identité de genre à l'école primaire.

Le texte controversé, surnommé "Don't say gay" ("Ne parlez pas des gays") par ses détracteurs, est samedi dans toutes les bouches - et sur certaines pancartes, appelant à "en parler".

Venir à la marche des fiertés était particulièrement important pour prouver que, malgré le contexte politique, "nous montrons qui nous sommes, et personne ne peut nous en empêcher", déclare ainsi Brianna Johnson, brune de 22 ans.

Aujourd'hui manageure chez Disney, elle dit avoir su être lesbienne dès ses 7 ans. Mais sa famille, très religieuse, a longtemps été un frein pour qu'elle puisse assumer son identité.

Empêcher de jeunes adolescents de s'exprimer, c'est "dangereux et douloureux", affirme-t-elle. "Ca me fait mal au coeur."

- Pulse -

Non loin d'un stand vendant des éventails "j'aime mon fils gay", Morgan Manry, 61 ans, ne cache pas son inquiétude.

La tragédie du Pulse, nom d'une boîte de nuit gay de la ville dans laquelle un tireur avait tué 49 personnes en 2016, avait "soudé la ville" et, paradoxalement, aidé la communauté LGBT+ à être mieux acceptée, dit cet employé d'association.

Le contexte politique actuel revient à "démanteler tout ce lien social qu'on a mis des années à développer", assure-t-il.

Jason Humphrey, étudiant transgenre de 19 ans, dit lui subir les conséquences indirectes du texte "Don't say gay".

Même si la loi concerne les élèves plus jeunes, il affirme que ses professeurs sont désormais réticents à discuter de son identité de genre ou de son changement de nom.

"Ils ont peur d'avoir des problèmes", explique à l'AFP le jeune homme aux cheveux châtains ornés de mèches vertes, qui juge la situation "horrible".

"Nous aussi, on est citoyens de Floride, enfin. Ce n'est pas normal", s'agace M. Humphrey, un impressionnant python royal enroulé autour du bras - "il ne mord pas", s'empresse-t-il de préciser.

- "Voter" -

A quelques semaines d'élections de mi-mandat déterminantes, la Marche des fiertés est aussi très politique.

Les candidats démocrates locaux y ont installé des stands, et au milieu de la parade défile Val Demings, qui espère décrocher un siège au Sénat en novembre, un drapeau arc-en-ciel à la main.

Il s'agit à la fois de se différencier très clairement du gouverneur Ron DeSantis et de mobiliser l'électorat démocrate sur ce sujet de société.

Sur certains, comme Aubrey Robinson, 43 ans, cela semble fonctionner. A côté d'un badge appelant à "respecter les pronoms", elle porte celui d'un candidat démocrate dont elle avoue ne connaître "absolument rien".

Mais des militants de son équipe lui ont expliqué s'opposer aux politiques du gouverneur. "Et n'importe quelle personne qui est contre DeSantis, est là-dedans et est pour la communauté, je la soutiens."

Désormais, Aubrey Robinson attend les élections. "Je pense que c'est vraiment important de sortir et d'aller voter. Maintenant, plus que jamais."

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