Le Parlement du Kurdistan irakien pourrait voter un texte de loi, dont il est question depuis plusieurs semaines, interdisant l’homosexualité et criminalisant sa “promotion” par les associations ou les médias. Si cette loi devait être adoptée, ce serait “un message cinglant” envoyé par le Parlement kurde, qui “retirerait ainsi toute protection à la communauté LGBTQI du Kurdistan” et de l’ensemble de l’Irak, écrit le site panarabe Raseef22.

Jusqu’à présent, la région semi-autonome du nord de l’Irak était considérée comme un “refuge” pour les membres de la communauté “ayant fui Bagdad et les grandes régions du pays” pour se protéger “de la mort, des arrestations et des actes de torture brutaux” et bénéficier du soutien des associations.

En Irak, l’homosexualité n’est pas illégale mais des lois ayant trait à la décence et à la morale publique sont régulièrement utilisées contre les personnes LGBTQI, sans compter les agressions dont ces dernières sont victimes.

Lorsque Nassim a appris l’existence de ce projet de loi, il a été envahi par “l’inquiétude et la peur”. “Je ne sais pas quel sort m’attend”, explique ce musicien de 37 ans qui a quitté il y a dix ans son quartier natal de Sadr City, à Bagdad, pour Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.

Un quartier qu’il a fui après la mort de son partenaire en 2012 dans des circonstances effroyables. Repéré dans la rue par des miliciens, ces derniers l’ont arrêté, ont badigeonné son anus avec de la colle, l’ont jeté sur un trottoir avant de le frapper avec une brique. Une pratique connue de tous les homosexuels à Bagdad et dans l’ensemble du pays.

“Tuerie de masse”

Marisa, tatoueuse de 32 ans qui a fui pour Erbil en 2018 après avoir été mariée de force à un de ses cousins, décédé depuis, est elle aussi inquiète :

“Nous ne faisons de mal à personne. Alors, pourquoi nous tuer ? […] Les autorités d’Erbil ont renoncé à nous protéger, et nos cadavres joncheront les rues. Nous sommes des centaines ici.”

“Si cette interdiction venait à passer, nous serions victimes d’une tuerie de masse”, craint Salar, qui pointe notamment du doigt l’Armée du Mahdi, la milice armée du leader chiite Moqtada Sadr, très virulente envers les homosexuels. Mais d’autres groupes armés chiites sont largement soupçonnés d’être derrière des agressions homophobes ces dernières années.