Pendant deux ans environ, écrit le site Daraj, Ahmad Abou Markhia a vécu loin de sa ville natale d’Hébron, en Cisjordanie, en raison de son identité sexuelle. Fuyant “les brimades et les menaces”, il avait trouvé refuge en Israël en attendant une décision quant à sa demande d’asile au Canada.

Le jeune homme de 25 ans se pensait à l’abri. Mais il y a quelques jours, il a été enlevé et ramené en Cisjordanie, où il a été tué. Son corps décapité a été retrouvé le 5 octobre dernier à Hébron. “Un crime odieux” dont l’agresseur s’est enorgueilli en photographiant le corps de la victime et en postant sa photo sur les réseaux sociaux, raconte Daraj.

“Ce crime semblait être un rappel douloureux et sanglant de la situation désastreuse dans laquelle se trouve la communauté LGBT palestinienne.”

Non criminalisée en Cisjordanie mais passible de prison dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, l’homosexualité n’est pas socialement acceptée dans les milieux conservateurs palestiniens. De nombreuses associations de défense des droits humains ont documenté des agressions et même des arrestations et des interrogatoires arbitraires sous prétexte d’atteinte à la morale publique.

Double oppression

Une situation “qui pousse de nombreuses personnes à ne pas afficher leur identité sexuelle ou à aller en territoire israélien”, explique Daraj.

D’après les médias israéliens, environ 90 Palestiniens appartenant à la communauté LGBT vivent actuellement en Israël, après avoir été victimes de discriminations en tous genres.

D’autres se sont exilés plus loin, comme la militante LGBT palestinienne Mayssane Hamdane, qui vit depuis cinq ans en Allemagne.

Pour elle, les personnes LGBT palestiniennes sont victimes d’une double oppression, au sein de leur environnement et de la part des autorités israéliennes :

“Les autorités israéliennes dépeignent délibérément la société palestinienne comme réprimant les libertés de ses membres, tout en se présentant comme un refuge pour les personnes LGBT et tous ceux qui n’entrent pas dans le cadre. Mais en réalité, elles font chanter les homosexuels et les menacent d’exposer leur identité sexuelle à leurs proches, ou de fabriquer des preuves de collaboration [avec l’ennemi israélien] pour les recruter s’ils refusent de se conformer à leurs souhaits et à travailler pour elles.”